jeudi 26 décembre 2013

" Mon chien Stupide " de John Fante


10/18 - Collection "Domaine étranger - 155 pages. Titre original: "My dog Stupid" - traduction de Brice Matthieusent.


Déroutant, inattendu, authentique.

Rencontre avec Stupide

En quête de lectures amusantes, je suis tombée sur ce livre. Le titre et la couverture m'ont plus. Léger semblait-il. La petite taille de l'ouvrage m'a vite mener à m'aventurer entre ses 155 pages. Emmitouflée dans le canapé un soir de pluie, je me suis attaquée aux premières pages. Le rire pour seule attente. Vierge de la patte de cet auteur.  



Lecture

"Coincé entre une progéniture ingrate et un talent de plus en plus incertain, le personnage principal du roman oscille entre un cynisme salvateur et des envies de fuite. Fils d'immigrés italiens, il caresse le rêve d'un retour à ses racines, fantasmant sur une vie paisible aux terrasses des cafés de la Piazza Navona à Rome. Mais pour l'heure, il faut courir le cachet, écrire des scénarios médiocres pour des séries télé affligeantes... L'existence tumultueuse de la famille est bouleversée lorsqu'un gigantesque chien décide de s'installer dans la maison, pour le plus grand bonheur de l'auteur raté mais au grand dam du reste de sa tribu."

Alors que je souriais devant les facéties du chien, que je dégustais savoureusement l'ironie cynique du narrateur, j'ai été frappée par ce phrasé "nerveux, rapide, sec". Inattendu ! Étonnant mélange d'humour et de désillusion. Une écriture limpide, sans fioritures, efficace. Des lignes marquées par l'émotion, par la frustration. Une authenticité se dégage de ces pages. 

Le narrateur apparaît tour à tour touchant, désopilant, pathétique, attentionné, incompris.... somme toute humain. Il dresse un constat amer de la vie. Amer d'accord, mais il n'en est pas moins que ces personnages m'évoquent la vie dans ce qu'elle a de plus beau. Sa complexité. Rien n'est tout à fait noir, rien n'est tout à fait blanc...


Scènes d'anthologie (notamment le duel Rommel vs. Stupide; le repas raté) ! Voici une lecture de l'un de ces passages inoubliables :  Olivier Marchal lit Mon chien Stupide


À lire sans attendre, un jour de blues ou un jour de rien ! Je me réjouis de me plonger dans une autre de ses œuvres et même de relire celle-ci. Je suis très heureuse d'avoir découvert John Fante, cet auteur encensé par Charles Bukowski lui-même qui ne laisse pour sûr pas indifférent non plus. Ce grand auteur américain du XXème siècle a écrit dans la préface de "Demande à la poussière" ces quelques lignes : 

" Un jour j’ai sorti un livre et c’était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique. J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait son énergie et était suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque donnait sa force à la page, une sensation de quelque chose sculpté dans le texte. Voilà enfin un homme qui n’avait pas peur de l’émotion. L’humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J’avais une carte de la Bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. Le livre était ‘‘Demande à la poussière’’ et l’auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m’influencer dans mon travail. Je terminai ‘‘Demande à la poussière’’  et cherchai d’autres Fante à la bibliothèque. J’en trouvai ‘‘le Vin de la jeunesse’’ et ‘‘Bandini’’. Ils étaient du même calibre, écrits avec les tripes et le cœur."



Liens intéressants

Reportage signé Claude Ventura.




Si vous souhaiter connaître davantage John Fante, je vous conseille cette vidéo en anglais enregistrée lors de l'hommage à l'auteur. Son biographe, l'un de ses fils et d'autres commentent l'homme et l'oeuvre.